Dossier Retrogaming : un plaisir generationnel ?

Même si chacun aborde sa passion pour le jeu vidéo de manière différente, une chose est sûre, cette pratique culturelle a réussi à prendre une place importante dans la société actuelle puisqu'il est le loisir préféré des français. Toutefois, je m’interroge sur la place du retrogaming pour les dernières générations de joueurs.   
Etant née au milieu des années 80, j’ai bien évidemment vécu une partie de cette période inoubliable de l'histoire du jeu vidéo, que l'on appelle aujourd’hui le "retrogaming". Il est donc pour moi assez facile d’apprécier les jeux hyper-carrés-qui-piquent-les-yeux (en opposition aux jeux que l’on peut trouver sur le marché aujourd’hui) que l’on pouvait faire  "tourner" sur nos consoles de l’époque. Pour ma part, j’ai réellement commencé par la NES avec Mario, Zelda, MORTAL KOMBAT ,  Rad Racer, Duck Hunt et bien d’autres que certains d’entre vous connaissent certainement. Je dis "connaissent" car si vous faites parti des fans invétérés de jeux vidéo vous en avez forcément entendu parler quelque soit votre âge, même si vous n’êtes pas spécialement fan. 
Et c’est là que ma question prend tout son sens ! Peut-on aimer le retrogaming si on ne l’a pas vécu ? Est-ce qu’un joueur d’une dizaine ou d’une quinzaine d’années peut s’y intéresser ou même, si c’est le cas, réellement apprécier cette tranche de vie de la culture "jeu vidéo" qu'il n’a pas expérimenté ?

Le jeu vidéo soumis aux mêmes lois que les autres pratiques culturelles

Après tout, c’est comme la musique, le cinéma, je ne pense pas pouvoir autant apprécier un vieux film comme le peuvent mes aînés. Pareil pour la musique, étant moi-même une grande amatrice de bonne vieille soul ou encore de Jazz, je n’arrive pas à savoir si faisant partie de la cuvée 85’s, je peux le ressentir de la même manière que les personnes qui ont réellement vécu cette époque… Pour les jeux vidéo, je me dis qu’avec les progrès existant depuis une vingtaine d’années, comment un jeune pourrait se complaire dans une culture rétro, à empiler des bâtons de couleurs pour faire des lignes ou à jeter des journaux dans des boîtes aux lettres qu’on perçoit à peine ?
Même si les styles diffèrent complètement, si on compare les graphismes d’un God Of War III et d’un Super Mario Galaxy, il n’y a pas photo, c’est beaucoup plus plaisant (surtout pour les yeux) d’opter pour une partie de Kratos. Pourtant, une grosse partie de la première génération de joueurs (celle des années 70-80) peut prendre toujours autant de plaisir devant de nombreux hits vidéo ludiques de l’époque ! Comment expliquer cela ? Car après tout les jeunes peuvent se dire que ce n’est pas très beau, que l’histoire est généralement très courte et la manette  loin d’être ergonomique… Mais alors comment expliquer ce plaisir intense qui nous anime lorsque l'on ressort notre bonne vieille machine complètement hors du temps ? 

L’exemple de Museogames : des souvenirs ravivés

Quand on voit par exemple l’exposition "Museogames", qui au passage est vraiment bien foutue, on peut se demander quel public les membres de l’association MO5 ont visé ? Car il est vrai que de voir toutes ses vieilles consoles jouables dans un seul et même espace, ce n’est que du bonheur pour la génération 80-90, mais pour les autres ? Les plus jeunes sont-ils intéressés ? Les enfants qui viennent apprécient-ils vraiment de voir ces « machins rétro » auxquels ils ne rejoueront certainement jamais ?
J’aimerais sincèrement pouvoir accéder aux statistiques des visites de cet événement afin de constater l’âge moyen des visiteurs et même, si on pousse le vice, savoir quelles sont les consoles présentées que les plus jeunes ont le plus appréciées. Parce que mon expérience de ces anciens jeux ravive des émotions enfouies dans mes souvenirs. Comment ceux qui découvrent ces jeux aujourd'hui peuvent l'expérimenter de la même manière ? Dans quelle mesure ce nouveau public peut-il comprendre ces rétro-jeux, comment le perçoit-il, est-ce un objet culturel ou un objet d'art...

à suivre...

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